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Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 18.djvu/178

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que sur la lisière il n’en ait pas l’apparence. On voit au milieu du fleuve, vis-à-vis du fort, une très-belle île, où l’on avait mis des porcs, qui ont multiplié, et dont elle a pris son nom. L’île aux Cèdres et l’île aux Cerfs sont au-dessous, à demi-lieue l’une de l’autre. L’anse de Catarocoui est double, c’est-à-dire qu’elle a vers son milieu une pointe qui avance beaucoup, et sous laquelle il y a un fort bon mouillage pour les grandes barques. Le derrière du fort est un marais où le gibier est en abondance. Autrefois il se faisait un commerce considérable au fort de Catarocoui, surtout avec les Iroquois, dont les habitations sont au sud ; et c’était pour les attirer, autant que pour les tenir en respect, que le fort avait été bâti ; mais ce commerce ne s’est pas soutenu long-temps, et les barbares n’en ont pas moins fait de mal à la colonie. Ils ont actuellement quelques familles aux environs du fort, comme il s’en trouve aussi quelques-unes des Missisaguès, nation algonquine, qui a trois bourgades sur le lac : l’une au bord oriental, l’autre à Niagara, et la troisième dans le détroit.

De Catarocoui, l’observateur n’avait que six lieues à faire jusqu’à l’île aux Chevreuils, où l’on trouve un fort bon port, qui peut recevoir de grandes barques ; mais divers obstacles ayant retardé sa navigation, il passa la nuit dans un lieu fort incommode, où il vit néanmoins, pour la première fois, des vignes dans la forêt. La plupart des arbres ont, dit-il, leur