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Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 18.djvu/207

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que le P. Charlevoix entra dans ce fameux fleuve, laissant à droite une grande prairie, d’où sort une petite rivière dont les bords ont des mines de cuivre. Cette côte est d’une singulière beauté ; mais, à gauche, on ne découvre que de fort hautes montagnes, semées de rochers, entre lesquels il croît quelques cèdres. Cependant elles ne forment qu’un rideau qui a peu de profondeur, et qui couvre de fort belles prairies. Après avoir fait cinq lieues sur le Mississipi, on rencontre l’embouchure du Missouri, qui est au nord-nord-ouest et sud-sud-est. C’est le plus beau confluent du monde : les deux rivières sont à peu près de la même largeur, que l’observateur juge d’une demi-lieue ; mais le Missouri est beaucoup plus rapide, et paraît entrer en conquérant dans le Mississipi, au travers duquel importe ses eaux blanches, sans les mêler, jusqu’à l’autre bord ; ensuite il lui communique cette couleur, que l’autre ne perd plus, et l’entraîne avec précipitation jusqu’à la mer.

La nuit du 10, on s’arrêta dans un village des Coquias et des Tamarouas, deux races d’Illinois qui s’étaient réunies sous la conduite de deux prêtres du séminaire de Québec. Il est situé sur une petite rivière qui vient de l’est. Le jour suivant, et cinq lieues plus loin, on passa devant la rivière de Marameg, qu’on laisse à droite, et où quelques Français étaient occupés à chercher des mines d’argent. Dès l’année 1719, un fondeur, nommé Lochon,