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Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 18.djvu/208

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chargé des ordres de la compagnie d’Occident, avait creusé dans un lieu qu’on lui avait désigné. Il en avait tiré une assez grande quantité de minerai, dont une livre, qu’il avait été quatre jours à fondre, avait produit environ deux gros d’argent, qu’il fut même soupçonné d’y avoir mis. Cependant il y était retourné quelques mois après ; mais, renonçant à l’espoir d’une mine d’argent, il avait tiré de deux ou trois milliers de minerai quatorze livres de fort mauvais plomb, qui lui revenaient à 1400 fr. Enfin, rebuté d’un travail si stérile, il était retourné en France. La compagnie, qui n’en eut pas moins de confiance aux indications qu’elle avait reçues, n’attribua ce mauvais succès qu’a l’incapacité du fondeur, et chargea de la même commission un Espagnol nommé Antonio, qui se vantait d’avoir travaillé aux mines du Mexique. Il ne réussit pas mieux ; mais encouragé par des appointemens considérables, il abandonna la mine de plomb pour ouvrir un roc de huit ou dix pieds de profondeur ; il en fit sauter plusieurs morceaux qu’il mit dans le creuset, et l’on publia qu’il en avait tire trois ou quatre gros d’argent. Alors une brigade de mineurs du roi y fut envoyée sous le commandement d’un officier, nommé de La Renaudière, qui, ayant voulu commencer par la mine de plomb, prit une peine inutile, parce qu’il n’entendait point la construction des fourneaux. On admire ici la facilité de la compagnie à faire de grosses avances, et le