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Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 18.djvu/210

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second village américain est éloigné de deux lieues.

Les Français de cette colonie y menèrent une vie fort aisée, depuis qu’un Flamand, qui était au service des jésuites, leur a montré l’art de semer du froment, qui croît fort bien dans leurs terres. Ils ont des bêtes à cornes et toutes sortes de volailles. D’un autre côté, les Américains, qui sont Illinois, cultivent aussi leurs champs à leur manière, et nourrissent de la volaille qu’ils vendent aux Français. Les femmes de ces sauvages filent la laine des bœufs du pays, et la rendent aussi fine que celle des moutons d’Angleterre. Elles en fabriquent des étoffes qu’elles teignent en noir, en jaune et en rouge foncé ; et le fil qu’elles emploient pour coudre leurs robes est fait de nerfs de chevreuil. Leur méthode est simple : après avoir bien décharné le nerf de chevreuil, elles l’exposent au soleil pendant deux jours ; elles le battent lorsqu’il est sec ; et sans peine elles en tirent un fil aussi blanc, aussi fin que les malines, et beaucoup plus fort. La bourgade française est bornée, au nord, par une rivière dont les bords sont si élevés, que, malgré l’accroissement de ses eaux, qui montent quelquefois jusqu’à vingt-cinq pieds, elle sort rarement de son lit. Tout ce pays est découvert : ce sont de vastes prairies qui ne sont séparées que par des bosquets du meilleur bois. On y voit surtout des mûriers blancs. Ce poste, le plus ancien que les Français aient eu