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Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 18.djvu/228

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lonie pour juger des lieux où il convenait de bâtir des forts. Après quatre lieues, on rencontre une petite rivière à la gauche du fleuve. Il fait en cet endroit un circuit de quatorze lieues, pendant lequel on passe encore quantité d’îles ; et, dix lieues plus loin, on trouve une autre rivière du même côté. Elle est si poissonneuse, qu’on est réveillé la nuit par le bruit des poissons qui battent l’eau de leur queue. Deux lieues au-delà, on arrive à Calla des Tonicas, qui ne paraît d’abord qu’un ruisseau, mais qui forme un lac à une portée de fusil de son embouchure. Elle prend sa source dans le pays des Tchactas, et son cours est fort embarrassé de rapides. Le village est au delà du lac, sur un terrain assez haut, sans enceinte, et médiocrement peuplé. À peu de distance on en trouve deux autres de la même nation ; et c’est tout ce qui reste d’un peuple autrefois nombreux. La demeure du chef est ornée de figures en relief, que l’observateur ne trouva point méprisables dans une cabane de sauvages ; mais il en fut moins surpris lorsqu’il eut vu cet Américain qui était vêtu à la française, et qui se piquait même d’une propreté recherchée, sans aucun air d’embarras dans cette parure. Il s’était enrichi par son commerce avec les Français, auxquels il fournissait des chevaux et de la volaille.

Du fond de la baie ou du lac des Tonicas, on pourrait, avec des canots d’écorce, faire un portage de deux lieues, qui en épargnerait