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Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 18.djvu/227

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dait pas seulement les sauvages : quoique le canton des Natchés soit le plus peuplé de la colonie française, il y avait cinq ans, au mois de décembre 1721, qu’aucun Français n’y avait entendu la messe, ni vu même un prêtre. Ne changeons rien aux termes du pieux voyageur. « Je m’aperçus bien, à la vérité, que la privation des sacremens avait produit dans la plupart une indifférence pour les exercices de la religion, qui en est le plus ordinaire effet ; cependant plusieurs marquèrent de l’empressement à profiter de mon passage pour mettre ordre aux affaires de leur conscience. La première proposition qu’on me fit, ce fut de marier en face de l’église quantité d’habitans qui, en vertu d’un contrat civil dressé devant le commandant et le commis principal, habitaient ensemble sans aucun scrupule, alléguant, comme ceux qui avaient autorisé ce concubinage, la nécessité de peupler ce pays, et la difficulté d’avoir un prêtre. Je leur représentai qu’il y en avait aux Yasous et à la Nouvelle Orléans, et qu’un devoir de cette importance méritait bien la peine du voyage : on me répondit que les contractans n’étaient en état ni de s’éloigner, ni de fournir à la dépense nécessaire. Enfin le mal était fait ; il n’était plus question que d’y remédier, et je le fis. Je confessai ensuite tous ceux qui se présentèrent ; mais le nombre n’en fut pas aussi grand que je l’avais espéré. »

Des Natchés, l’observateur partit le 26 décembre avec un ingénieur du roi qui visitait la co-