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Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 18.djvu/233

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que de petits bâtimens, dans cette supposition, l’observateur demande premièrement ce qu’on peut craindre de la surprise, pour peu que la ville soit fortifiée. D’ailleurs, en quelque endroit qu’elle soit placée, l’embouchure du fleuve ne doit-elle pas être défendue par de bonnes batteries et par un fort ? En second lieu, que sert une communication qu’on ne peut avoir que par des chaloupes avec des postes qu’on ne pourrait pas secourir s’ils étaient attaqués, dont on ne pourrait non plus tirer qu’un faible secours, et qui sont la plupart sans aucune utilité ? Enfin, le navire ami qui veut remonter le Détour-aux- Anglais est obligé, comme l’ennemi, de changer de vent d’un moment à l’autre, ce qui peut le retarder des semaines entières dans un passage de sept ou huit lieues. On ajoute qu’un peu au-dessous de la ville, le terrain a peu de profondeur des deux côtés du fleuve, et qu’il va toujours en diminuant jusqu’à la mer. C’est une pointe de terre qui ne paraît pas fort ancienne, car il ne faut pas creuser beaucoup pour y trouver l’eau ; et la quantité de battures et de petites îles qu’on a vues naître depuis vingt ans à toutes les embouchures du fleuve, ne laisse aucun doute qu’elle ne se soit formée de même. Il paraît certain, par la comparaison des témoignages, qu’au temps de la découverte l’embouchure du fleuve n’était pas telle qu’elle est aujourd’hui. Cette remarque se confirme à mesure qu’on approche de la mer : il n’y a presque