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Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 18.djvu/234

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point d’eau à la barre dans la plupart des petites issues que le fleuve s’est ouvertes, et qui ne se sont multipliées que par la succession des arbres entraînés avec le courant, dont un seul retenu par ses branches ou par ses racines dans un endroit peu profond, en arrête bientôt mille. Rien alors n’est capable de les détacher ; le limon du fleuve leur sert de ciment, les couvre à la longue, et, chaque inondation laissant une nouvelle couche, il ne faut que dix ans pour y voir croître des cannes et des arbrisseaux. L’observateur donne cette origine à la plupart des pointes et des îles qui font si souvent changer de cours au Mississipi.

La Nouvelle Orléans, première ville qu’un des plus grands fleuves du monde ait vu bâtir sur ses bords, n’était composée, en 1722, que d’une centaine de baraques placées sans beaucoup d’ordre, d’un grand magasin bâti de bois, et de deux ou trois maisons un peu plus apparentes. Qu’on se figure, dit l’observateur, deux cents personnes envoyées pour former une ville, qui sont campées au bord d’un grand fleuve, où elles n’ont encore pensé qu’à se mettre à couvert des injures de l’air, en attendant qu’on leur dresse un plan et qu’on leur bâtisse des maisons. Un ingénieur laissa aux habitans un plan fort beau et fort régulier ; mais le P. Charlevoix doute de l’exécution.

Entre la ville et la mer, il n’y a jamais eu de concessions, parce qu’elles auraient trop peu