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Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 18.djvu/236

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de, il serait à craindre qu’avec le temps aucune de ces issues ne fût praticable pour les vaisseaux.

Au delà de la barre on trouve une petite île, nommée alors la Basse, mais que le P. Charlevoix et l’ingénieur dont il était toujours accompagné, nommèrent l’île de Toulouse. Elle n’a guère plus d’une demi-lieue de circuit, en y comprenant même une autre île qui n’en est séparée que par une ravine. D’ailleurs elle est très-basse, à l’exception d’un seul endroit que la marée ne couvrait jamais, et où l’on pourrait construire un fort, avec des magasins pour y décharger les vaisseaux qui auraient peine à passer la barre sans être soulagés d’une partie de leur charge. L’ingénieur ayant sondé cet endroit, trouva le fond assez dur et de terre glaise, quoiqu’il en sorte cinq ou six petites sources qui ne jettent pas beaucoup d’eau. Il remarqua que cette eau laisse sur la terre où elle coule un très-beau sel. Quand le fleuve est bas, c’est-à-dire pendant trois mois des plus grandes chaleurs de l’année, l’eau est salée autour de l’île de Toulouse ; mais dans le temps de l’inondation, elle est tout-à-fait douce, et le fleuve conserve sa douceur une bonne lieue dans la mer : le reste du temps, elle est un peu saumâtre au delà de la barre. Ceux qui ont écrit que pendant vingt lieues le Mississipi ne mêle point ses eaux avec celles de la mer, n’ont publié qu’une fable.