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Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 18.djvu/240

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la baie de Saint-Jean, d’où le P. Charlevoix prit son chemin par terre, et n’eut besoin que de quelques heures pour se rendre à la ville.

Il nous reste à dire un mot du grand banc de Terre-Neuve, que la pêche de la morue a rendu l’objet de tant de jalousies, et dont les Anglais sont aujourd’hui les seuls maîtres, parce qu’ils le sont de la côte voisine. Ce qu’on nomme le Grand-Banc est proprement une montagne cachée sous les eaux, à près de six cents lieues à l’ouest de la France. Denis, officier français, qui avait été gouverneur de l’Acadie, et à qui l’on doit une bonne description des côtes de l’Amérique septentrionale, donne au Grand-Banc cent cinquante lieues d’étendue du nord au sud ; mais, suivant les cartes marines les plus exactes, il commence au sud par le 41° de latitude nord, et son extrémité septentrionale est par le 49° 25′. Le P. Charlevoix observe que, ses deux extrémités se terminant en pointe, il est difficile de marquer exactement sa largeur. La plus grande, d’orient en occident, est d’environ quatre-vingt-dix lieues marines de France, entre les 40 et 49° de longitude. Quelques-uns de nos matelots y ont mouillé à cinq brasses, quoique jusqu’à Denis on n’y en eût jamais trouvé moins de vingt-cinq, et qu’en plusieurs endroits il y en ait plus de soixante. Vers le milieu de sa longueur, du côté de l’Europe, il forme une espèce de baie qu’on nomme la