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Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 18.djvu/25

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du docteur Matheo. Quatre des mêmes femmes formèrent la même accusation contre une Anglaise du même lieu, qui fut condamnée au même supplice. Deux hommes accusèrent une autre femme, nommée Susanne Martin. L’auteur donne une partie de son dialogue avec le juge de paix qui la fit mettre en prison.

Le juge : Êtes-vous sorcière ? L’accusée : Non. Le juge : Expliquez-moi donc d’où viennent les plaintes du peuple. L’acc. Je n’en sais rien. Le juge : Mais d’où pensez-vous qu’elles viennent ? L’acc. Je ne veux point exercer là-dessus mon jugement. Le juge : Ne croyez-vous pas que ceux qui se plaignent sont ensorcelés ? L’acc. Non, je n’en crois rien. Le juge : Dites donc ce que vous en pensez. L’acc. Non ; mes pensées sont à moi aussi long-temps qu’elles demeurent en moi-même ; mais lorsqu’elles sont dehors, elles sont aux autres. Leur maître…. Le juge : Qu’entendez-vous par leur maître ? L’acc. Si quelqu’un a commerce avec l’enfer, vous devez m’entendre. Le juge : Fort bien ; mais, quelle part avez-vous à ce qu’on en dit ? L’acc. Je n’en ai aucune. Le juge : C’est vous néanmoins qu’on accuse d’avoir apparu, et c’est pour le même crime que d’autres ont été condamnés. L’acc. Je ne puis empêcher ce qu’on dit et ce qu’on fait. Le juge : Le maître dont vous parlez est sans doute le vôtre ; autrement comment pourriez-vous avoir paru ? L’acc. Je n’en sais rien. Celui qui apparut au-