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Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 18.djvu/265

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et parle plus naturellement. Le P. Charlevoix, à qui l’on doit ces observations, n’en a pu faire de particulières sur la langue siouse ; mais les missionnaires de sa compagnie ayant beaucoup travaillé sur les deux autres et sur leurs principaux dialectes, on peut se fier à ce qu’il a eu soin d’en recueillir.

On assure que la langue huronne est d’une abondance, d’une énergie et d’une noblesse qui ne se trouvent peut-être réunies dans aucune des plus belles que nous connaissions ; et ceux à qui elle est propre ont dans l’âme une élévation qui s’accorde bien mieux avec la majesté de leur langage qu’avec le triste état où ils sont réduits. Quelques-uns y ont cru trouver des rapports avec l’hébreu ; et d’autres, en plus grand nombre, lui donnent la même origine qu’à celle des Grecs ; mais jusqu’à présent leurs preuves sont encore sans force. La langue algonquine a moins d’énergie que la huronne ; mais elle a plus de douceur et d’élégance.

Elles ont toutes deux une richesse d’expressions, une variété de tours, une propriété de termes, une régularité, qui étonnent : mais ce qui est plus surprenant, c’est que parmi les barbares, auxquels on ne connaît point d’études, et qui n’ont jamais eu l’usage de l’écriture, il ne s’introduit point un mauvais mot, un terme impropre, une construction vicieuse, et que les enfans mêmes, jusque dans le discours familier, conservent toute la pureté de