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Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 18.djvu/266

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leur langue. D’ailleurs l’air dont ils animent toutes leurs expressions ne permet point de douter qu’ils n’en comprennent toute la valeur et la beauté. Les dialectes dérivés de l’une et l’autre n’en ont pas conservé les grâces, ni même la force. Celle des Tonontouans, par exemple, qui sont un des cinq cantons iroquois, passe pour un langage grossier. Dans le huron, tout se conjugue : on y distingue les verbes, les noms, les pronoms et les adverbes. Les verbes simples ont une double conjugaison, l’une absolue, l’autre réciproque. Les troisièmes personnes ont les deux genres, car ces langues n’en ont que deux, le noble et l’ignoble. À l’égard des nombres et des temps, on y trouve les mêmes différences que dans le grec : par exemple, pour faire le récit d’un voyage, on s’exprime différemment, si c’est par terre ou par eau qu’on l’a fait. Les verbes actifs se multiplient autant de fois qu’il y a de choses qui tombent sous leur action ; comme le verbe qui signifie manger varie autant de fois qu’il y a de choses comestibles. L’action s’exprime autrement à l’égard d’une chose animée que d’une chose inanimée : ainsi, voir un homme et voir une pierre, ce sont des verbes différens. Se servir d’une chose qui appartient à celui qui s’en sert, ou à celui auquel on en parle, ce ne sont pas non plus les mêmes verbes. Quoique la langue algonquine ait aussi quelques-uns de ces avantages, les deux méthodes ne se ressemblent point. Il s’ensuit que