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Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 18.djvu/27

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tions vous ont encore portés à me faire arrêter, et je me vois aujourd’hui condamnée à mourir. Le ciel connaissait alors mon innoccece, et ne la connaît pas moins aujourd’hui. Elle sera connue de même au grand jour à la face dès hommes et des anges. Je ne vous demande point la vie, car je vois que ma mort est résolue, et que le temps en est arrivé ; mais je souhaite, et Dieu connaît mes intentions, qu’on mette fin à l’effusion du sang innocent, qui ne peut manquer d’être continuée si les choses ne prennent point un autre cours. Quoique je sois persuadée que vous employez tous vos efforts à découvrir la vérité, et que pour le monde entier vous ne voudriez point tremper vos mains dans le sang innocent, cependant le témoignage de ma propre conscience m'assure que vous êtes dans la plus malheureuse de toutes les erreurs. Puisse la miséricorde infinie du ciel vous conduire et vous dessiller les yeux ! Permettez que je vous supplie très-humblement d’examiner de plus près quelques-uns des malheureux accusés que la faiblesse de leur esprit ou d’autres raisons ont fait consentir à se reconnaître coupables. Vous verrez qu’ils vous trompent ou qu’ils se trompent eux-mêmes : je suis sûre du moins qu’on le verra dans l’autre monde, où vous êtes prêts à me faire passer ; et je ne doute pas non plus qu’il n’arrive tôt ou tard un grand changement dans vos idées. On m’accuse, moi et d’autres, d’avoir fait une ligue avec l’esprit de perdition : nous ne pou-