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Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 18.djvu/272

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tes, comme les paroles humaines, sur un collier auquel on fait dire tout ce qu’on veut ; mais elles sont écrites dans le livre du grand Génie, où le mensonge ne peut entrer. Courage, mes enfans ! ne nous séparons point : que les uns n’aillent point d’un côté, et les autres d’un autre. Allons tous dans le ciel c’est notre seule patrie. »

L’orateur répondit d’abord, après avoir consulté ses compagnons : « Mon père, je suis ravi de t’entendre ; ta voix a pénétré jusque dans mon cœur ; mais mon cœur est encore fermé, et je ne puis pas l’ouvrir à présent : il faut que j’attende plusieurs de nos capitaines qui reviendront l’automne prochain. »

Les capitaines revinrent, et l’orateur vint faire sa réponse au missionnaire. « Nous ne pouvons oublier les paroles de notre père tandis que nous avons un cœur ; car elles sont si profondément gravées, que rien ne peut les effacer. Nous sommes résolus d’embrasser la religion du grand Génie, qu’il nous annonce ; et nous serions déjà venus lui demander ses instructions, s’il y avait des vivres pour nous dans son village ; mais nous savons que la faim est dans la cabane de notre père ; et notre affliction est double que notre père ait faim et que nous ne puissions aller nous instruire. Si notre père voulait venir passer quelque temps avec nous, il vivrait et nous instruirait. » Le missionnaire accepta l’offre, les instruisit tous, et les bap-