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Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 18.djvu/285

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dans le monde, sans savoir qui les y a placés. Un de ces hommes monta au ciel pour y chercher une femme nommée Atahentsic, avec laquelle il eut un commerce dont on s’aperçut bientôt. Le maître du ciel la précipita du haut de son empire : elle fut reçue sur le dos d’une tortue ; ensuite elle mit au monde deux enfans, dont l’un tua l’autre. Après cet événement on ne parle plus des cinq autres hommes, ni même du mari d’Atahentsic. Suivant quelques-uns, elle n’eut qu’une fille qui fut mère de Jouskeka et de Tahouitzaron. Le premier tua son frère, et son aïeul se déchargea sur lui du soin de gouverner le monde. Ils ajoutent qu’Atahentsic est la lune, et Jouskeka le soleil ; contradiction sensible, puisqu’en qualité de Grand Génie, Areskoui est souvent pris pour le soleil. Suivant les Iroquois, la postérité de Jouskeka ne passa point la troisième génération ; un déluge universel détruisit la race humaine ; et, pour repeupler la terre, il fallut changer les bêtes en hommes. On remarque que cette notion d’un déluge universel est assez répandue parmi les Américains, mais qu’on ne saurait douter d’un déluge plus récent qui fut particulier à l’Amérique.

Entre le premier Être et d’autres dieux qu’ils confondent souvent avec lui, ils ont une infinité d’esprits subalternes ou de génies, bons et mauvais, qui ont tous leur culte. Les Iroquois mettent Atahentsic à la tête des mauvais, et font Jouskeka chef des bons ; quelquefois mê-