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Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 18.djvu/284

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plus certain, suivant les missionnaires, et plus obscur à la fois, que l’idée qu’ils ont d’un premier être. Ils s’accordent généralement à le regarder comme le premier esprit, le maître et le créateur du monde ; mais les presse-t-on d’expliquer ce qu’ils entendent, on ne trouve plus que des imaginations bizarres et des fables mal conçues.

Presque toutes les nations algonquines ont donné le nom de Grand-Lièvre au premier esprit. Quelques-unes l’appellent Michabou, d’autres, Atahocan. La plupart croient qu’étant porté sur les eaux avec toute sa cour, composée de quadrupèdes tels que lui, il forma la terre d’un grain de sable tiré du fond de l’Océan, et les hommes, des corps morts des animaux. D’autres parlent d’un dieu des eaux qui s’opposa aux desseins du Grand-Lièvre, ou qui refusa du moins de le favoriser. Ils nomment ce dieu le Grand-Tigre. Mais on observe qu’il ne se trouve point de vrais tigres dans cette partie du continent, et par conséquent que cette tradition doit être venue du dehors. Enfin ils ont un troisième dieu nommé Matcomek, qu’on invoque dans le cours de l’hiver.

Les Hurons donnent le nom d’Areskoui au souverain être, et les Iroquois celui d’Agreskoué : ils le regardent en même temps comme le dieu de la guerre. Mais ils ne donnent point aux hommes la même origine que les Algonquins ; et, ne remontant pas même jusqu’à la création, ils représentent d’abord six hommes