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Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 18.djvu/293

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c’est le génie qui donne des avis salutaires sur ce qui doit arriver ; tantôt c’est une visite qu’on reçoit de l’âme ou du génie de l’objet du rêve ; mais, de quelque part que le songe puisse venir, il passe toujours pour un incident sacré et pour une communication des volontés du ciel. Dans cette idée, ce n’est pas seulement sur celui qui a rêvé que tombe l’obligation d’exécuter l’ordre qu’il reçoit, mais ce serait un crime pour ceux auxquels il s’adresse de lui refuser ce qu’il a désiré dans son rêve. Les missionnaires en rapportent des exemples qui paraîtraient incroyables sur tout autre témoignage.

« Si ce qu’un particulier désire en songe est de nature à ne pouvoir être fourni par un autre particulier, le public s’en charge. Fallût-il l’aller chercher à cinq cents lieues, il le faut trouver à quelque prix que ce soit ; et, quand on y est parvenu, on le conserve avec des soins surprenans. Si c’est une chose inanimée, on est plus tranquille ; mais si c’est un animal, sa mort cause des inquiétudes qui ne peuvent être représentées. L’affaire est plus sérieuse encore quand quelqu’un s’avise de rêver qu’il casse la tête à un autre ; car il la lui casse en effet, s’il le peut : mais malheur à lui si quelque autre s’avise de songer qu’il venge le mort. » Le seul remède entre ceux qui ne sont pas d’humeur sanguinaire, est d’apaiser le génie par quelque présent.

Deux missionnaires, témoins irréprochables, dit le P. Charlevoix, et qui avaient vu le fait