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Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 18.djvu/298

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Ce sauvage avait un frère qui voulut jouer aussi son rôle. Il était vêtu comme on représente les satyres, couvert de feuilles depuis la tête jusqu’aux pieds. Deux femmes qui l’escortaient avaient la face noircie, les cheveux épars, une peau de loup sur le corps, et chacune leur pieu à la main. L’homme, avec cette suite, entra dans toutes les cabanes, hurlant de toute sa force, grimpa sur un toit, y fit mille tours de souplesse, accompagnés d’horribles cris, descendit ensuite, et prit une marche grave, précédé de ses bacchantes, qui, furieuses à leur tour, renversèrent à coups de pieux tout ce qui se rencontra sur leur passage. À peine étaient-elles revenues de ce transport, qu’une autre femme prit leur place, força l’entrée de la cabane où les deux jésuites se tenaient cachés ; et, portant une arquebuse qu’elle venait de gagner en faisant deviner son rêve, elle chanta la guerre, avec mille imprécations contre elle-même, si son courage ne lui faisait pas ramener des prisonniers. Un guerrier suivit de près cette femme, l’arc dans une main, et dans l’autre une baïonnette. Après de longs hurlemens, il se jeta tout d’un coup sur la femme, qui était redevenue tranquille ; il lui porta sa baïonnette à la gorge, la prit par les cheveux, lui en coupa une poignée, et se retira. Un jongleur parut ensuite avec un bâton orné de plumes, par lequel il se vantait de pouvoir découvrir les choses les plus cachées. On portait devant lui un vase rempli