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Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 18.djvu/299

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d’une liqueur dont il buvait à chaque question, et qu’il rejetait en soufflant sur ses mains et sur son bâton ; après quoi il devinait toutes les énigmes. Deux femmes succédèrent et firent connaître qu’elles avaient des désirs : l’une étendit une natte ; on devina qu’elle demandait du poisson, et sur-le-champ on lui en offrit ; l’autre portait un instrument d’agriculture à la main, et l’on comprit qu’elle désirait un champ pour le cultiver ; on la mena aussitôt hors du village, où elle fut satisfaite. Un chef avait rêvé qu’il voyait deux cœurs humains : ce songe, qui ne put être expliqué, jeta tout le monde dans une furieuse inquiétude. On prolongea la fête d’un jour ; mais toutes les recherches furent inutiles, et, pour se tranquilliser, on prit le parti de calmer le génie du chef par des présens. Cette fête, ou plutôt cette manie, dura quatre jours entiers. Il n’y avait que sa singularité qui pût lui faire mériter une si longue description.

Nous renvoyons à l’ouvrage du P. Lafitau ceux qui cherchent des ressemblances entre la religion des sauvages de l’Amérique et celle de l’ancienne Grèce. Quelque idée qu’on s’en forme sur ce qu’on vient de rapporter d’après les plus exactes relations, il paraît certain que, dans toute la partie septentrionale du continent, on n’a trouvé ni temples ni culte réglé.

La pluralité des femmes est établie dans plusieurs nations de la langue algonquine. Il