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Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 18.djvu/306

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être son protecteur. On ne crée jamais de nouveaux noms, et chaque famille en conserve un certain nombre qui reviennent tour à tour. Souvent même on en change dans un autre âge, et l’on prend alors la place de celui qui l’a porté le dernier, d’où il arrive quelquefois qu’un enfant se voit traiter de grand-père par celui qui pourrait être le sien.

Jamais on n’appelle un homme par son nom propre en lui parlant dans le discours familier ; l’usage commun est de lui donner la qualité dont il se trouve revêtu à l’égard de celui qui parle. S’il n’y a aucune liaison de sang ou d’affinité, on se traite de frère, d’oncle, de neveu ou de cousin, suivant le degré de considération qu’on a l’un pour l’autre. C’est moins dans la vue de perpétuer les noms qu’on les conserve dans les familles que pour engager ceux qui les reçoivent ou qui les prennent à imiter les belles actions de ceux qui les ont portés, à les venger s’ils ont été tués ou brûlés, et plus particulièrement encore à soulager leurs parens. Ainsi, lorsqu’une femme a perdu son mari ou son fils, et qu’elle demeure sans secours, elle ne diffère point à faire passer le nom de celui qu’elle pleure sur quelqu’un qui contracte alors les mêmes obligations.

Les enfans des sauvages étant livrés à eux-mêmes aussitôt qu’ils peuvent se rouler sur les pieds et sur les mains, vont nus, sans autre guide que leur caprice, dans l’eau, dans les bois, dans la boue et dans la neige. De là vient