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Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 18.djvu/307

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cette vigueur qui leur est commune à tous, cette souplesse extraordinaire, et cet endurcissement contre les injures de l’air, qui fait l’admiration des Européens. En été, dès la pointe du jour, on les voit courir à l’eau, comme les animaux à qui cet élément est naturel. Ils passent une partie du jour à badiner dans les lacs et les rivières. On leur met bientôt l’arc et la flèche en main ; et l’émulation, plus sûre que tous les maîtres, leur fait acquérir une habileté surprenante à les employer. Il n’en a pas plus coûté à ces peuples pour se perfectionner dans l’usage des armes à feu. Dès les premières années, on les fait aussi lutter ensemble ; et leur passion est si vive pour cet exercice, qu’ils se tueraient souvent, si l’on ne prenait soin de les séparer. Ceux qui succombent sous leur adversaire en conçoivent un dépit qui ne leur permet pas le moindre repos jusqu’à ce qu’ils aient l’avantage à leur tour. En général, les pères et les mères s’efforcent de leur inspirer certains principes d’honneur qui se trouvent établis dans chaque nation, et c’est l’unique éducation qu’ils leur donnent, encore est-elle indirecte ; c’est-à-dire que l’instruction est prise des belles actions de leurs ancêtres. Les jeunes gens sont échauffés par ces anciennes images, et ne respirent que l’occasion d’imiter ce qui excite leur admiration. Quelquefois, pour les corriger de leurs défauts, on emploie les exhortations et les prières, mais jamais le châtiment ou les menaces, sur le principe qu’un homme