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Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 18.djvu/311

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garantir des maux de dents. Cette opération n’est pas douloureuse. On commence par tracer sur la peau bien tendue la figure qu’on y veut graver ; ensuite, avec des arêtes de poisson ou des aiguilles, on pique tous ces traits jusqu’au sang, et l’on y passe des couleurs bien pulvérisées. Ces poudres s’insinuent si bien dans la peau, que les couleurs ne s’effacent jamais. Le seul mal est que la peau s’enfle, et qu’il s’y forme une gale accompagnée d’inflammation : souvent même la fièvre survient ; et, dans les grandes chaleurs, l’opération est dangereuse pour la vie.

Les couleurs dont les sauvages se peignent le visage, et la graisse dont ils se frottent le corps, produisent les mêmes avantages que la piqûre, et ne leur donnent pas moins de grâce à leurs propres yeux. Ils peignent les prisonniers qu’ils destinent au feu, et jusqu’à leurs morts, apparemment pour couvrir la pâleur qui les défigure. Ces couleurs, qui ne sont pas bien vives, sont celles qu’on emploie pour la teinture des peaux ; elles se tirent de certaines terres et de quelques écorces d’arbres. Les hommes ajoutent à cette parure du duvet de cygne ou d’autres oiseaux, qu’ils sèment sur leurs cheveux graissés. Ils y joignent des plumes de toutes les couleurs, et des bouquets de poils de différens animaux, dans une distribution fort bizarre : leurs cheveux sont tantôt hérissés, tantôt aplatis, et reçoivent mille différentes formes. Ils portent avec cela des