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Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 18.djvu/361

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sionnaires chez leurs ennemis, et l’on assure que, par l’effet d’une autre prudence qui les porte à se défier des avis intéressés, ils n’en reçoivent point de ces ministres secrets, s’ils ne sont accompagnés de quelque présent.

C’est ici l’occasion de donner un exemple de leur éloquence. Entre plusieurs traits de cette nature qui se trouvent répandus dans nos relations et dans celles des Anglais, on en choisit un qui représente à la fois le caractère d’éloquence des sauvages, et la méthode que les Européens emploient, à leur imitation, pour s’expliquer avec eux. En 1684, La Barre, gouverneur-général de la Nouvelle France, craignant quelque irruption de la part des Iroquois, qui s’étaient rendus plus redoutables que jamais, et qui avaient aussi leurs sujets de plainte, engagea d’Iberville (gentilhomme canadien dont on a déjà loué le mérite, et si considéré de cette fière nation, qu’elle lui avait donné par estime et par amitié le nom d’Akouessan, qui signifie la perdrix) à lui amener quelques anciens auxquels il se flattait encore d’inspirer le goût de la paix, ou d’imposer par sa fermeté. Il s’était avancé jusqu’au fort de Catarocoui, avec un corps de troupes qu’il voulait faire passer pour une simple escorte ; et d’Iberville revint en effet avec un des principaux chefs des Onontagués, qui se nommait Grangula, suivi de trente jeunes guerriers ; mais, dans l’intervalle, une partie des troupes françaises fut affligée de diverses maladies.