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Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 18.djvu/362

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Cette disgrâce ne put être cachée aux sauvages, parce que plusieurs d’entre eux qui entendaient un peu le français se glissèrent pendant la nuit derrière les tentes, où les discours inconsidérés de quelques soldats leur rendirent témoignage de l’état des malades. Cependant, deux jours après leur arrivée, le chef fit dire à La Barre qu’il était prêt à l’entendre, et l’assemblée se tint entre les deux camps.

Grangula s’assit à la manière orientale, au milieu de ses guerriers qui prirent la même posture. Il avait la pipe à la bouche, et le grand calumet de paix était vis-à-vis de lui, avec un collier. La Barre, assis dans un grand fauteuil, avait des deux côtés une file d’officiers français. Il ouvrit la conférence par la bouche de son interprète.

« Le roi, mon maître, informé que les cinq nations iroquoises contreviennent depuis long-temps à la paix, m’a donné ordre de me transporter ici avec une escorte, et d’envoyer Akouessan au village des Onontagués pour engager les principaux chefs à s’approcher de mon camp. L’intention de ce grand monarque est que nous fumions ensemble, toi et moi, dans le grand calumet de paix, pourvu que tu me promettes au nom des Tsonontouans, des Goyoguans, des Onontagués, des Oneyouths et des Agniés, de donner une entière satisfaction à ses sujets, et de ne rien faire à l’avenir qui puisse causer une fâcheuse rupture.