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Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 18.djvu/369

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Mais, sur les représentations qu’on lui fit, il disimula son ressentiment, et l’effet de cette conférence fut de suspendre du moins les hostilités.

Leurs jongleurs, du moins ceux qui font profession de n’être en commerce qu’avec les génies bienfaisans, ont beaucoup de part aux délibérations publiques, parce qu’ils sont regardés comme les interprètes des volontés du ciel. Mais leur principale occupation, et celle dont ils tirent le plus de profit, c’est la médecine. On a vu que leur art est fondé sur la connaissance des simples, à laquelle on peut joindre, dans tous les pays du monde, l’expérience et la conjecture ; mais ils y mêlent beaucoup de charlatanerie et de superstition. Il leur en coûte peu pour tromper les sauvages, quoiqu’il n’y ait point d’hommes au monde à qui la médecine soit moins nécessaire. Non-seulement ils sont presque tous d’une complexion saine, mais on assure qu’ils n’ont connu la plupart de nos maladies que depuis qu’ils nous ont fréquentés. Ils ne connaissaient point la petite vérole lorsqu’ils l’ont reçue de nous. La goutte, la gravelle, la pierre, l’apoplexie, et quantité d’autres maux si communs en Europe n’ont point encore pénétré dans cette partie du Nouveau-Monde parmi les naturels du pays. On avoue que les excès auxquels ils se livrent dans leurs festins, et leurs jeûnes outrés leur causent des douleurs et des faiblesses de poitrine et d’estomac qui en font