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Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 18.djvu/368

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tio ; prends garde à l’avenir qu’un aussi grand nombre de guerriers que celui qui paraît ici, se trouvant enfermé dans un si petit fort, n’étouffe cet arbre. Ce serait dommage, qu’ayant aisément pris racine, on l’empêchât de croître, et de couvrir un jour de ses rameaux ton pays et le nôtre. Je t’assure, au nom des nations, que nos guerriers danseront sous ses feuillages la danse du calumet, qu’ils demeureront tranquilles sur leurs nattes, et qu’ils ne déterreront la hache pour couper l’arbre de paix que quand leurs frères Onnontio et Corlar, conjointement ou séparément, entreprendront d’attaquer des pays dont le Grand Esprit a disposé en faveur dé nos ancêtres. Ce collier contient ma parole ; et cet autre le pouvoir que les cinq nations m’ont donnée. »

Enfin Grangula s’adressant à d’Iberville, lui dit : « Akouessan, prends courage. Tu as l’Esprit, parle, explique ma parole, n’oublie rien ; dis tout ce que tes frères et tes amis annoncent à ton chef Onnontio par la voix de Grangula, qui t’honore et t’invite à recevoir ce présent de castors, et à te trouver tout à l’heure à son festin. Ces autres présens de castors sont envoyés à Onnontio de la part des cinq nations. »

L’Iroquois ayant cessé de parler, d’Iberville et quelques jésuites présens expliquèrent sa réponse à La Barre, qui rentra dans sa tente fort mécontent de la fierté de Grangula. C’était la première fois qu’il traitait avec les sauvages.