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Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 18.djvu/373

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Dans l’Acadie, une maladie ne passe pour sérieuse que lorsqu’elle ôte absolument l’appétit ; et la plus violente fièvre n’empêche point qu’on ne donne à manger aux malades qui le demandent ; d’autres les tuent pour les empêcher de languir, lorsque la maladie est désespérée. Dans le canton d’Onnontagué, on donne la mort aux petits enfans qui perdent leur mère avant d’être sevrés, et la manière de les tuer est de les enterrer vifs avec elles. Enfin quelques autres se contentent d’abandonner un malade lorsque leurs médecins n’en espèrent plus rien, et le laissent mourir sans secours. Plusieurs nations méridionales ont des maximes plus humaines : on n’y récompense le médecin qu’après la guérison ; mais si le malade meurt, celui qui l’a traité n’est pas en sûreté pour sa vie. Suivant les Iroquois, toute maladie n’est qu’un désir de l’âme ; et l’on ne meurt que parce que le désir n’est pas rempli.

Lorsque les sauvages ont perdu l’espérance de guérir, ils prennent leur parti avec beaucoup de résolution ; et souvent, comme on vient de le remarquer, ils voient avancer la fin de leurs jours par des personnes chères, sans marquer le moindre chagrin. À peine l’arrêt de mort est prononcé, qu’un moribond recueille ses forces pour haranguer ceux qui sont autour de lui. Si c’est un chef de famille, il donne de fort bons avis à ses enfans ; et, pour faire ses adieux à toute la bourgade, il ordonne un festin, où tout ce qu’il y a de pro-