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Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 18.djvu/374

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visions dans la cabane doit être employé. Ensuite il reçoit de sa famille les présens qui doivent l’accompagner au tombeau. On égorge autant de chiens qu’on en peut trouver, dans l’opinion que les âmes de ces animaux vont donner avis dans l’autre monde que le mourant est prêt à s’y rendre ; et tous les corps se mettent dans la chaudière pour augmenter les mets du festin. Après le repas, les pleurs commencent ; on les interrompt bientôt pour souhaiter au mourant un heureux voyage, le consoler de la perte qu’il va faire de ses parens et de ses amis, et l’assurer que ses descendans soutiendront sa gloire. Tous les voyageurs parlent avec admiration du sang-froid avec lequel ces peuples envisagent la mort. C’est partout le même principe et le même fond de caractère. Quoique les usages funèbres varient beaucoup dans les différentes nations, elles s’accordent néanmoins sur les danses, les festins, les invocations et les chants. Mais dans toutes ces cérémonies c’est toujours le malade qui est le plus tranquille sur son sort.

On n’admire pas moins l’affection et la générosité des vivans pour leurs morts. Il n’est pas rare de voir des mères qui gardent pendant des années entières les cadavres de leurs enfans, et qui ne peuvent s’en éloigner. D’autres se tirent du lait des mamelles, et le versent sur la tombe. Dans les incendies, la sûreté des corps morts est le premier soin dont on s’occupe. On se dépouille de ce qu’on a de plus précieux pour les