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Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 18.djvu/386

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jours composée du tambour et du chickikoué, est au milieu de la place : on y observe de ne pas séparer les sauvages d’une même famille. On ne s’y tient jamais par la main ; chacun y porte ses armes et son bouclier. Tous les cercles tournent de divers côtés ; et, quoiqu’on saute fort vivement, on ne perd jamais une certaine mesure. De temps en temps un chef de famille présente son bouclier, sur lequel tous les danseurs viennent frapper : il rappelle quelqu’un de ses exploits ; et s’il n’est pas contredit, il va couper un morceau de tabac, dont on a pris soin d’attacher une bonne quantité au poteau : mais s’il manque quelque chose à la vérité de son récit, celui qui le prouve a droit de lui enlever le tabac qu’on lui a laissé prendre. Cette danse est suivie d’un festin, et son nom lui vient apparemment des peaux de bœuf dont les boucliers sont composés.

Les jongleurs ordonnent souvent des danses pour la guérison des maladies. Il y en a de pur amusement, qui n’ont rapport à rien. La plupart se font en rond, au son du tambour et du chickikoué, et les femmes sont toujours séparées des hommes. Quoiqu’on ne se tienne point, jamais on ne rompt le cercle. Au reste, il n’est pas surprenant que la mesure soit bien gardée, parce que dans leur musique les sauvages n’ont que deux ou trois tons qui reviennent sans cesse.

Les jeux de hasard sont une autre passion, qu’on est surpris de voir porter à l’excès parmi