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Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 18.djvu/395

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Pour manger le bois, un castor le découpe en petites pièces fort menues, et les apporte dans sa loge ; car chaque castor n’a qu’un magasin commun pour toute la famille. Comme la fonte des neiges cause de grandes inondations lorsqu’elle est dans sa force, ces animaux quittent alors leurs cabanes : mais les femelles y reviennent aussitôt que les eaux sont écoulées ; et c’est alors qu’elles mettent bas. Les mâles continuent de tenir la campagne jusqu’au mois de juillet ; temps auquel ils se rassemblent tous pour réparer les brèches que l’eau peut avoir faites à leurs édifices : si leurs cabanes ou leurs digues ont été détruites par les chasseurs, ils en font d’autres. Cependant plusieurs raisons les portent souvent à changer de demeure, comme le défaut de vivres, les fréquens ravages des chasseurs, et ceux des animaux carnassiers, contre lesquels ils n’ont point d’autre défense que la fuite ; mais il y a des lieux pour lesquels ils prennent tant d’affection, que, malgré les inquiétudes qu’ils y éprouvent, ils ne peuvent les quitter. Le P. Charlevoix observe que, sur le chemin de Mont-Réal au lac des Hurons, par la grande rivière, on trouve tous les ans un logement de castors, et qu’ils le réparent ou le bâtissent chaque été dans le même lieu, puisque le soin constant des voyageurs qui y passent les premiers après l’hiver est de rompre la digue pour se procurer l’eau nécessaire à leur navigation, sans quoi ils seraient obligés de faire un portage. Du côté de Québec,