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Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 18.djvu/394

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moindre air. Les deux tiers de l’édifice sont hors de l’eau. C’est dans cette partie que chaque castor a sa place marquée ; il prend soin de la revêtir de feuillages ou de petites branches de sapin. Jamais on n’y voit d’ordures : outre la porte commune et une autre issue par laquelle ces animaux sortent, il y a plusieurs ouvertures par lesquelles ils se vident dans l’eau. Les cabanes ordinaires servent de logement à huit ou dix castors. Il s’en trouve, mais rarement, qui en contiennent jusqu’à trente. Elles sont toujours assez près les unes des autres pour avoir entre elles une communication facile.

Tous ces ouvrages sont achevés à la fin de septembre, et jamais l’hiver ne surprend les castors dans leur travail. Chacun fait ses provisions. Tandis qu’ils vivent dans la campagne ou dans les bois, ils se nourrissent de fruits, d’écorce et de feuilles d’arbres ; ils pêchent aussi des écrevisses et quelques poissons. Mais lorsqu’ils commencent à se pourvoir pour un temps où la terre couverte de neige ne leur fournit rien, ils se bornent au bois tendre, tel que le peuplier, le tremble et d’autres de la même qualité : ils le mettent en piles, disposées de manière qu’ils puissent toujours prendre celui qui trempe dans l’eau. On observe constamment que ces piles sont plus ou moins grandes, suivant que l’hiver doit être plus ou moins long : c’est pour les sauvages un indice de la durée du froid, qui ne les trompe jamais.