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Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 18.djvu/404

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paraissent tous de la même espèce. Ils ont les oreilles droites et le museau allongé, à peu près comme les loups. On vante leur attachement et leur fidélité pour leurs maîtres, qui les nourrissent néanmoins assez mal, et qui ne les caressent jamais.

La chasse de l’orignal plaît d’autant plus aux sauvages, que cet animal a la chair d’un excellent goût, et la peau forte, douce et moelleuse. On ne le croit pas différent de l’élan d’Europe ; mais il est ici de la grosseur d’un cheval ou d’un beau mulet. Une tradition commune à toutes ces nations barbares leur fait croire qu’entre tous les orignaux de leurs forêts il en existe un d’une monstrueuse grandeur, auprès duquel tous les autres ne paraissent que des fourmis. On lui donne des jambes si hautes, que huit pieds de neige ne l’embarrassent point dans sa course : sa peau est à l’épreuve de toutes sortes d’armes. La nature l’a pourvu d’une espèce de bras qui lui sort de l’épaule, et dont il se sert comme nous faisons des nôtres. Il ne manque jamais d’avoir à sa suite un grand nombre d’autres orignaux qui forment sa cour, et qui lui rendent tous les services qu’il exige d’eux. Les Japonais et les Chinois mêmes ont de pareilles chimères. L’orignal aime les pays froids ; il broute l’herbe en été, et l’hiver il ronge les arbres. Pendant que les neiges sont hautes, ces animaux s’assemblent en troupes sous les plus grands arbres des forêts, pour s’y mettre à couvert du mau-