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Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 18.djvu/405

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vais temps, et ne quittent point cette retraite aussi long-temps qu’ils y trouvent à manger. C’est alors qu’on leur donne la chasse, ou lorsque le soleil prend assez de force pour fondre la neige. Dans ce dernier temps, la gelée de la nuit formant comme une croûte sur la surface de la neige fondue pendant le jour, l’orignal, qui est pesant, la casse du pied, s’écorche la jambe, et ne se tire pas aisément des trous qu’il se creuse. Mais lorsqu’il est libre, ou qu’il y a peu de neige, on ne l’approche point sans danger : la moindre blessure le rend furieux ; il se précipite sur les chasseurs, et les foule aux pieds. L’expérience ne leur a pas fait trouver d’autre moyen pour s’en garantir que de lui jeter leur habit, sur lequel il décharge toute sa fureur, tandis que, se tenant cachés derrière quelque arbre, ils prennent leurs mesures pour l’achever. Sa marche ordinaire est un grand trot, qui égale presque la course d’un bœuf sauvage ; mais les chasseurs sont encore plus légers que lui.

Dans les parties septentrionales du Canada, cette chasse est sans danger. Les chasseurs se divisent en deux bandes : l’une s’embarque dans des canots, qui, se tenant à quelque distance les uns des autres, forment un demi-cercle assez grand, dont les deux bouts touchent au rivage ; l’autre demeure à terre, embrasse d’abord un grand terrain, et lâche les chiens pour faire lever tous les orignaux qui sont renfermés dans cet espace. Il devient fa-