Aller au contenu

Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 18.djvu/408

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

habiles pour cet exercice. On commença par se poster sur le bord d’un marais de quatre ou cinq lieues de circuit ; nos cabanes furent dressées, et les sauvages firent sur l’eau, en divers endroits des huttes de feuillage. Ils ont des peaux d’oies, d’outardes et de canards, séchées et remplies de foin, attachées par les pieds avec deux clous, sur un petit bout de planche légère, qu’ils laissent flotter aux environs des huttes, où ils se renferment trois ou quatre, après y avoir amarré leurs canots. Dans cette posture, ils attendent les oies, les canards, les outardes, les sarcelles, et d’autres espèces d’oiseaux dont le nombre est surprenant. Ces animaux viennent se poser près des figures. Les sauvages tirent alors dessus, et ne manquent point d’en tuer beaucoup. Ensuite ils se jettent dans leurs canots pour les prendre.

» Après quinze jours de cette chasse, las de ne manger que des oiseaux de rivière, nous fîmes la guerre aux tourterelles, dont le nombre est si prodigieux, que, pour sauver les biens de la terre, l’évêque de Québec a pris plus d’une fois le parti de les excommunier. Nous nous postâmes à l’entrée d’une prairie, où les arbres étaient plus couverts de ces oiseaux que de feuilles. C’était le temps auquel ils passent du nord au midi. Mille hommes auraient pu s’en rassasier pendant vingt jours. J’étais au bord d’un ruisseau, où je tirai aussi sur des bécasses, sur des râles, et sur certains oiseaux