Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 18.djvu/411

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autres, et soigneusement entrelacés de branches, qui formaient comme un pont, au bout duquel les sauvages avaient formé un carré de pieux dont l’entrée était fort étroite. Ils me dirent que c’était le lieu où ils faisaient tous les ans la chasse du cerf, et qu’après l’avoir un peu réparé, ils me donneraient cet amusement. En effet, ils me menèrent à deux ou trois lieues de l’isthme par des chemins bordés de marais et d’étangs bourbeux. Là, s’étant dispersés, chacun suivi de son chien, ils me firent bientôt voir quantité de cerfs qui allaient et venaient en pleine course, cherchant des passages pour se sauver. Un sauvage qui ne m’avait pas quitté m’assura que, dans le lieu où j’étais avec lui, nous serions les seuls qui ne seraient pas obligés de courir à toutes jambes. Il se présenta devant nous plus d’une douzaine de cerfs, qui prenaient le chemin de l’isthme plutôt que de se précipiter dans les lieux couverts de fange, d’où ils n’auraient pu se dégager. Enfin nous retournâmes au parc, près duquel plusieurs sauvages étaient demeurés ventre à terre pour fermer la porte du carré lorsque les cerfs y seraient en assez grand nombre. Nous y en trouvâmes trente-cinq ; et si le parc eût été fermé avec plus de soin, nous en eussions pris le double, car les plus légers n’eurent pas de peine à sauter par-dessus les pieux. Le carnage fut très-grand, quoique les femelles fussent épargnées, parce qu’elles étaient pleines.