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Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 18.djvu/412

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» Cette chasse fut suivie de celle des ours. J’admirai beaucoup l’espèce d’instinct qui faisait distinguer aux sauvages les troncs d’arbres où ces animaux se nichent. En marchant dans les forêts à cent pas les uns des autres, ils criaient voici l’ours. Les moins éloignés s’assemblaient autour de l’arbre. Un d’entre eux donnait quelques coups de hache au pied du tronc, et l’animal, sortant de son trou, était aussitôt criblé de balles.

» J’eus le plaisir, en cherchant des ours de voir sur des branches d’arbres quantité de martres et de chats sauvages. On tire à la tête de ces animaux farouches pour ne pas nuire à leur peau. Mais ce que je trouvai de plus plaisant, fut la stupidité des gelinottes de bois, qui, perchées en troupes sur les arbres, se laissaient tuer à coups de fusil les unes après les autres. Nos sauvages les abattent ordinairement à coups de flèches, parce qu’elles ne valent pas, disent-ils, une charge de poudre, qui peut arrêter un orignal ou un cerf. J’ai fait cette chasse pendant l’hiver, avec une espèce de chiens qui, les sentant sans les voir, se mettent à japper au pied de l’arbre. Je m’approchais, et je n’avais pas de peine à découvrir ces oiseaux. Après le dégel, je fis avec quelques Canadiens deux ou trois lieues exprès dans le lac, pour le seul plaisir de voir et d’entendre le battement de ces gelinottes. C’est une chose des plus curieuses : on entend de toutes parts un bruit qui ressemble à celui