Aller au contenu

Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 18.djvu/45

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

nie une paix constante, et ce pays était assez heureux pour que l’on n’y connût pas, suivant l’expression d’un écrivain, « le moindre événement qui pût servir de matière à l’histoire. » L’auteur qui s’exprimait ainsi vers 1760 était sans doute bien éloigné de prévoir que cette contrée dût bientôt donner au monde le plus étonnant spectacle, et fixer une des époques les plus remarquables de l’histoire, sous les auspices d’un homme[1] qui sera à jamais célèbre pour avoir fait la plus grande découverte physique de ce siècle et la plus grande révolution politique. Cette révolution, commencée par des marchands et des cultivateurs, a été soutenue par un autre homme[2] que l’on peut appeler le Fabius de l’Amérique, et qui a compris que, dans la cause qu’il défendait, il suffisait, pour vaincre, de n’être pas vaincu. Les lois constitutives des États-Unis de l’Amérique septentrionale, dont on a publié le recueil, forment un code aussi remarquable dans les annales de la philosophie que l’événement qui l’a occasioné l’est dans les annales de la politique. Elles constituent la démocratie la plus pure qui ait encore existé, et sont un des plus beaux monumens de la sagesse humaine. C’est souvent dans les révolutions violentes que se font les lois les plus sages ; l’homme qui brise le joug qu’il croit trop pesant est assez heureux de cet effort ; et loin de l’appesantir sur les au-

  1. Franklin.
  2. Washington.