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Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 18.djvu/9

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et d’un trompette. Le monarque indien se leva pour lui faire l’honneur de l’embrasser. Ils s’assirent tous deux. On apporta des liqueurs fortes, dont le grand-sachem avala tout d’un coup un si grand verre, qu’il en eut la fièvre pendant le reste du jour. Squanto, qui l’accompagnait, et dont le zèle ne se démentit point pour les Anglais, servit d’interprète entre lui et le gouverneur. On fit une alliance qui renfermait des engagemens mutuels d’affection et de service. Le grand-sachem donna aux Anglais, pour eux et pour leurs successeurs, toutes les terres voisines de leur ville, et leur laissa Squanto pour leur apprendre la culture du maïs, et la manière de pêcher en usage dans le pays.

La mort de Carver, qui arriva dans le cours d’avril, ne changea rien à ces heureuses dispositions. Bradfort, choisi pour lui succéder, envoya aussitôt deux de ses principaux habitans au grand-sachem, avec la qualité d’ambassadeurs de la colonie. Entre les honneurs qu’ils reçurent dans l’habitation royale des Massassoits on compte celui d’avoir couché dans le lit même du roi et de la reine ; mais on ajoute, à la vérité, qu’il ne consistait que dans quelques planches élevées d’un pied au-dessus du rez-de-chaussée de la cabane, et que deux ou trois grands de la nation partagèrent avec eux cette faveur. Le grand-sachem et sa femme étaient d’un côté sur une natte fort mince, et les ambassadeurs de l’autre avec les grands. D’ailleurs, la cour était si mal pourvue de