Aller au contenu

Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 2.djvu/120

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

encore assez familiers avec leur nation pour obtenir la liberté de les voir à découvert ; mais les hommes et les enfans ont généralement la taille et la physionomie fort belles. Quoiqu’ils ne soient pas fort hauts, ils ont les traits réguliers : leur couleur foncée vient de la chaleur du soleil à laquelle ils sont continuellement exposés. Si la beauté du teint manque aussi à leurs femmes, elle est avantageusement compensée par la prudence, la modestie et la fidélité dans les engagemens du mariage ; elles ne connaissent pas la galanterie, apparemment, dit Brue, parce qu’elles n’en trouvent pas l’occasion. Non-seulement elles ne sortent jamais seules, mais l’usage des hommes est de détourner le visage lorsqu’ils rencontrent une femme. Ils se rendent même le bon office de veiller mutuellement sur les femmes et les filles l’un de l’autre, et nul autre que le mari n’a la liberté d’entrer dans la tente des femmes. Un Maure qui serait assez pauvre pour n’avoir qu’une seule tente recevrait ses visites et ferait toujours ses affaires à la porte plutôt que d’y laisser entrer ses plus proches parens. Ce privilége n’est accordé qu’à leurs chevaux, ou plutôt à leurs jumens, qu’ils préfèrent beaucoup aux mâles de cette espèce, parce que, outre l’avantage d’en tirer des poulains qui leur apportent beaucoup de profit, ils les trouvent plus douces, plus vives et de plus longue durée que les mâles ; elles couchent dans leurs