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Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 2.djvu/121

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tentes pêle-mêle avec leurs femmes et leurs enfans. Ils les laissent courir librement avec leurs poulains, ou du moins ils ne les attachent jamais par le cou, et leur seul lien est aux pieds ; elles s’étendent par terre, où elles servent d’oreiller aux enfans, sans leur faire le moindre mal ; elles prennent plaisir à se voir baiser, caresser ; elles distinguent ceux qui les traitent le mieux ; et lorsqu’elles sont en liberté, elles s’en approchent et les suivent. Leurs maîtres gardent fort soigneusement leur généalogie, et ne les vendent pas sans faire valoir les bonnes qualités de leurs pères, dont ils produisent un état exact qui en rehausse beaucoup le prix. Elles ne sont pas remarquables par leur grandeur ni par leur embonpoint, mais, dans une taille médiocre, elles sont bien proportionnées. L’usage des Maures n’est pas de les ferrer. Ils les nourrissent pendant la nuit avec du grand millet et de l’herbe un peu séchée. Au printemps, ils les mettent au vert, et les laissent un mois sans les monter.

Un adouard est un nombre de tentes et de cabanes où les Maures habitent quelquefois par tribus, quelquefois par familles. Ils les rangent ordinairement en cercle, l’une fort près de l’autre, en laissant au centre une place où leurs bestiaux et leurs animaux domestiques passent la nuit. Il y a toujours une sentinelle établie pour garantir l’habitation des surprises de l’ennemi ou des voleurs, ou des