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Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 2.djvu/122

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bêtes farouches. Au moindre danger, la sentinelle donne l’alarme, qui est augmentée par l’aboiement des chiens, et tout le village pense aussitôt à se défendre. Ces adouards sont mobiles et se transportent d’autant plus aisément que les Maures, ayant peu de meubles et d’ustensiles domestiques, chargent en un instant tout leur équipage sur leurs bœufs et leurs chameaux. Ils placent leurs femmes dans des paniers, sur le dos de ces animaux. Cette vie errante n’est pas sans agrémens : ils se procurent ainsi de nouveaux voisins, de nouvelles commodités, et de nouvelles perspectives. Leurs tentes sont de poil de chameau ; elles sont soutenues par des pieux, auxquels ils ne les attachent qu’avec des courroies de cuir. Dans le temps de la sécheresse, ils approchent leurs camps des bords du Sénégal pour y trouver de l’herbe et la fraîcheur de l’eau. Dans la saison des pluies, ils se retirent vers les côtes de la mer, où le vent les délivre de l’importunité des moucherons. C’est à la fin de cette dernière saison qu’ils font leurs plantations de millet et de maïs.

Ils n’ont pas d’autre liqueur que l’eau et le lait. Leur pain est de farine de millet, non que la nature leur refuse d’autres grains, puisque le froment et l’orge peuvent croître dans le pays ; mais les changemens continuels de leur demeure leur ôtent le goût de l’agriculture. Ils se servent quelquefois de riz. Lorsqu’ils recueillent de l’orge ou du froment, ils