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Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 2.djvu/253

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me farouche ; c’est ainsi que parmi nous on fait peur aux enfans en leur parlant du loup-garou. Elle est revêtue d’une longue robe décorée d’arbre avec une toque de paille sur la tête. Sa hauteur est de huit ou neuf pieds. Peu de Nègres ont l’art de lui faire pousser les sons qui lui sont propres. On ne les entend jamais que pendant la nuit, et l’obscurité aide beaucoup à l’imposture. Lorsque les hommes ont quelque différent avec leurs femmes, on s’adresse au Moumbo-Dioumbo, qui décide ordinairement la difficulté en faveur des maris.

Le Nègre qui agit sous la figure monstrueuse de Moumbo-Dioumbo jouit d’une autorité absolue, et s’attire tant de respect, que personne ne paraît couvert en sa présence. Lorsque les femmes le voient ou l’entendent, elles prennent la fuite et se cachent soigneusement ; mais si les maris ont quelque liaison avec l’acteur, il fait porter ses ordres aux femmes, et les force de reparaître. Alors il leur commande de s’asseoir, et les fait chanter ou danser suivant son caprice. Si quelques-unes refusent d’obéir, il les envoie chercher par d’autres Nègres qui exécutent ses lois, et leur désobéissance est punie par le fouet. Ceux qui sont initiés dans le mystère du Moumbo-Dioumbo, s’engagent, par un serment solennel, à ne le jamais révéler aux femmes, ni même aux autres Nègres qui ne sont pas de la société. On n’y peut être reçu avant l’âge de seize ans. Le