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Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 2.djvu/254

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peuple jure par cette idole, et n’a pas de serment plus respecté.

Vers l’an 1727, le roi de Diagra, ayant une femme curieuse, eut la faiblesse de lui révéler le secret du Moumbo-Dioumbo ; elle n’eut rien de plus pressé que d’en informer toutes ses compagnes. Le bruit alla jusqu’aux oreilles de quelques seigneurs nègres, qui n’étaient pas bien disposés pour le roi. Ils s’assemblèrent pour délibérer sur une affaire de cette importance, et, ne doutant pas que leurs femmes ne devinssent fort difficiles à gouverner, si la crainte du Moumbo-Dioumbo ne les arrêtait plus, ils prirent une résolution très-hardie, qui ne fut pas exécutée avec moins d’audace. Ils se rendirent à la ville royale avec l’idole : là, y prenant l’air d’autorité qui est propre à la religion dans tous les pays du monde, ils firent avertir le roi de venir parler à l’idole. Ce faible prince n’ayant osé refuser d’obéir, Moumbo-Dioumbo lui reprocha son crime, et lui donna ordre de faire paraître sa femme. À peine eut-elle paru, que, par la sentence de Moumbo-Dioumbo, ils furent poignardés tous deux. Le Moumbo-Dioumbo est une terrible leçon, si l’on sait l’entendre.

Il y a peu de villes considérables qui n’aient une figure de Moumbo-Dioumbo. Pendant le jour, elle demeure sur un poteau, dans quelque lieu voisin de la ville, jusqu’à l’entrée de la nuit, qui est le temps de ses opérations.

Il nous reste à parler des marabouts ou des