Aller au contenu

Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 2.djvu/352

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

d’une haute nageoire qu’ils ont sur la tête ; leur principale force consiste dans leur queue, avec laquelle ils frappent violemment ; et dans leurs scies tranchantes (car on ne peut donner d’autre nom à leurs dents) qui coupent la jambe ou le bras d’un homme aussi nettement que la meilleure hache. Ces terribles animaux sont toujours affamés. Ils avalent tout ce qui se présente ; de sorte qu’on leur a trouvé souvent des crochets et d’autres instrumens de fer dans les entrailles. Leur chair est coriace et de mauvais goût.

On regarde le requin comme le plus vorace de tous les animaux de mer. Labat paraît persuadé que c’est un véritable chien de mer, qui ne diffère de ceux des mers de l’Europe que par la grandeur. On en a vu sur les côtes d’Afrique, où il est fort commun, et même dans les rivières, de la longueur de vingt-cinq pieds et de quatre pieds de diamètre, couverts d’une peau forte et rude. Le requin a la tête longue, les yeux grands, ronds, fort ouverts et d’un rouge enflammé ; la gueule large, armée de trois rangées de dents à chaque mâchoire. Elles sont toutes si courtes, si serrées et si fermes, que rien ne peut leur résister. Heureusement cette affreuse gueule est presque éloignée d’un pied de l’extrémité du museau, de sorte que le monstre pousse d’abord sa proie devant lui ayant de la mordre. Il la poursuit avec tant d’avidité, qu’il s’élance quelquefois jusque sur le sable. Sans la difficulté qu’il a pour avaler,