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Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 2.djvu/353

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il dépeuplerait l’Océan. Avec quelque légèreté qu’il se tourne, il donne le temps aux autres poissons de s’échapper. Les Nègres prennent ce moment pour le frapper. Ils plongent sous lui, et lui ouvrent le ventre. Il est d’ailleurs assez facile à tromper, parce que sa voracité lui fait saisir toutes sortes d’amorces. On le prend ordinairement avec un crochet attaché au bout d’une chaîne, auquel on lie un morceau de lard ou d’autre viande.

Il est fort dangereux de se baigner dans les rivières qui portent des requins. En 1731, une petite esclave de James-Fort, sur la Gambie, lut emportée tandis qu’elle était à se laver les pieds. Une barque remontant la même rivière en 1731, il y eut un requin assez affamé pour s’en approcher, malgré le bruit qui s’y faisait, et pour se saisir d’une rame qu’il brisa d’un seul coup de dents.

Sur la côte de Juida, où la mer est toujours fort grosse, un canot fut renversé en allant au rivage avec quelques marchandises. Un des matelots fut saisi par un requin, et la violence des flots les jeta tous deux sur le sable ; mais le monstre, sans lâcher un moment sa proie, attendit le retour de la vague, et regagna la mer avec le matelot qu’il emporta.

Si quelqu’un a le malheur de tomber dans la mer, il faut désespérer de le revoir, à moins qu’alors il ne se trouve point de requin aux environs du vaisseau ce qui est extrêmement rare. Si l’on jette un cadavre dans la mer, on voit