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Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 2.djvu/376

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Il y a aussi un capitaine de terre dont la commission est de garantir les marchandises du pillage et du larcin. Après les avoir débarquées, on est quelquefois forcé de les laisser une nuit entière sur le rivage, parce qu’il ne se présente pas toujours assez de porteurs. Malgré les soins et l’autorité du capitaine, il est difficile de mettre tout à couvert. Il l’est encore plus d’obtenir la restitution de ce qu’on a perdu.

Lorsque les esclaves sont arrivés au bord de la mer, les canots des vaisseaux les conduisent à la chaloupe, qui les transporte à bord. On ne tarde point à les mettre aux fers deux à deux, dans la crainte qu’ils ne se soulèvent ou qu’ils ne s’échappent à la nage. Ils ont tant de regret à s’éloigner de leur pays, qu’ils saisissent l’occasion de sauter dans la mer, hors des canots, de la chaloupe ou du vaisseau, et qu’ils demeurent au fond des flots jusqu’à ce que l’eau les étouffe. Le nom de la Barbade leur cause plus d’effroi que celui de l’enfer. On en a vu plusieurs dévorés par les requins au moment qu’ils s’élançaient dans la mer. Ces animaux sont si accoutumés à profiter du malheur des Nègres, qu’ils suivent quelquefois un vaisseau jusqu’à la Barbade pour faire leur proie des esclaves qui meurent en chemin, et dont on jette les cadavres à la mer.

Les deux vaisseaux perdirent douze Nègres qui se noyèrent volontairement, et quelques