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Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 25.djvu/105

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Les insulaires les laissèrent ensuite, à l’exception d’un seul homme, qui les mena à une pointe de terre en friche où différentes espèces de plantes croissaient avec force parmi des buissons. En sortant de ces buissons, les Anglais aperçurent un bâtiment de pierre qui avait la forme d’un fragment de pyramide. La base avait environ trente pieds de face ; tout l’édifice consistait en plusieurs terrasses ou degrés s’élevant au-dessus les uns des autres, qui tombaient en ruine, et couverts d’herbes et d’arbrisseaux, surtout dans la partie tournée vers l’intérieur de l’île. Le Taïtien leur apprit que c’était le cimetière, ou le temple d’Ouahitoua, roi actuel de Tierrébou. Tout autour étaient placés quinze pieux minces d’environ dix-huit pieds de long, sur lesquels on voyait sculptées six ou huit petites figures alternativement mâles et femelles ; celle d’en-haut était toujours d’un mâle ; toutes faisaient face à la mer, et ressemblaient parfaitement à celles qui sont sculptées à l’arrière des pirogues et s’appellent é-ti. Au-delà du moraï, les Anglais découvrirent un toit soutenu par quatre poteaux, devant lequel, sur un treillage de baguettes, étaient placés des bananes et des cocos pour le dieu. Ils s’assirent à l’ombre de ce toit afin de s’y reposer, et leur guide, les voyant très-fatigués, prit plusieurs bananes et les leur offrit, en les assurant qu’elles étaient bonnes à manger. Ils les trouvèrent délicieuses, et ils partagèrent sans scrupule ces mets destinés aux dieux.