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Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 25.djvu/106

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» Avant de commencer nos excursions, le 18 dès le grand matin, nous contemplâmes avec ravissement la scène qui s’offrait à nos yeux. Le havre où mouillaient les vaisseaux était très-petit ; il n’aurait pas pu en contenir d’autres. L’eau y était aussi unie qu’un miroir, tandis qu’en dehors la mer brisait en écumant sur le récif. La plaine, au pied des collines, resserrée en cet endroit, présentait l’image de la fertilité, de l’abondance et du bonheur : elle se partageait vis-à-vis de nous entre les collines, et formait une longue vallée étroite, couverte de plantations entremêlées de maisons. Les pentes des collines revêtues de bois se croisaient des deux côtés ; et derrière la vallée nous apercevions les montagnes de l’intérieur formant différens pics, entre autres une pointe remarquable dont le sommet, penché d’une manière effrayante, semblait prêt à tomber. La sérénité du ciel, la douce chaleur de l’air, et la beauté du paysage, tout enchantait notre imagination et nous inspirait la gaieté.

» En débarquant nous nous hâtâmes de traverser la grève sablonneuse, où nous ne pouvions faire aucune découverte d’histoire naturelle, et nous avançâmes au milieu des plantations. Elles répondirent parfaitement à l’attente que je m’étais formée d’un pays que Bougainville compare à l’Élysée. Entrant au milieu d’un bosquet d’arbres à pain, sur la plupart desquels nous ne vîmes point de fruit dans cette saison d’hiver, nous suivîmes un sentier propre, mais