Aller au contenu

Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 25.djvu/113

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

avons jamais trouvé un seul de vieux : dès qu’ils ont deux ans, on les abat, et de nouveaux rejetons poussent de la racine : car heureusement il n’y a pas d’arbre qui se multiplie davantage ; et si on le laissait croître jusqu’à ce qu’il fut en fleur, et qu’il portât des fruits, peut-être qu’il couvrirait bientôt tout le pays. C’est toujours sur les jeunes qu’il faut enlever l’écorce : on a soin que leur tige devienne longue, sans aucune branche, excepté seulement au sommet ; de sorte que l’écorce est la plus entière possible. Nous ne connaissions pas alors la méthode de la préparer avant qu’on la mette sous le maillet. Les femmes occupées de ce travail portaient de vieux vêtemens sales et déguenillés, et leurs mains étaient dures et calleuses. Un peu plus loin, un homme, dont le regard prévenait en sa faveur, nous invita à nous asseoir à l’ombre devant sa maison, au milieu d’une vallée étroite. Sur une petite cour pavée de larges pierres, il étendit des feuilles de bananiers pour nous, et, apportant un petit banc de bois assez propre, fait d’une seule pièce, il pria celui d’entre nous qu’il croyait être le principal personnage de s’y asseoir. Quand nous fûmes tous assis, il courut à sa maison chercher des fruits à pain cuits, qu’il nous offrit sur des feuilles de bananiers fraîches ; il nous présenta en outre un panier natté rempli d’é-vis, ou monbins, fruit dont le goût ressemble à celui de l’ananas. Nous déjeunâmes de bon cœur ; l’exercice que nous venions de faire, l’air frais